
Le dispositif Malraux représente une opportunité fiscale majeure pour les investisseurs immobiliers attirés par le patrimoine historique. Cette niche fiscale, nommée d’après l’ancien ministre de la Culture André Malraux, permet de réduire substantiellement son impôt sur le revenu tout en participant à la rénovation du patrimoine architectural français. Toutefois, pour bénéficier pleinement des avantages fiscaux, les investisseurs doivent respecter certaines obligations, dont la durée locative minimale. Ce critère fondamental conditionne la réussite de l’opération et mérite une attention particulière pour optimiser son investissement Malraux sur le long terme.
Les fondamentaux du dispositif Malraux et ses exigences locatives
Le dispositif Malraux constitue un mécanisme fiscal avantageux destiné aux contribuables français souhaitant investir dans la rénovation d’immeubles anciens situés dans des zones protégées. Créé en 1962, ce dispositif vise à encourager la préservation du patrimoine architectural tout en offrant des avantages fiscaux substantiels aux investisseurs.
L’avantage principal réside dans une réduction d’impôt calculée sur le montant des travaux de restauration. Cette réduction varie entre 22% et 30% du montant des travaux selon la localisation du bien. Pour les immeubles situés en Site Patrimonial Remarquable (SPR) avec un Plan de Valorisation de l’Architecture et du Patrimoine approuvé, la réduction atteint 30%. Pour les autres zones éligibles, elle s’établit à 22%.
La contrainte locative au cœur du dispositif
L’un des critères fondamentaux pour bénéficier de l’avantage fiscal Malraux concerne l’engagement locatif. En effet, le propriétaire doit s’engager à louer le bien rénové en tant que résidence principale du locataire pendant une durée minimale de 9 ans à compter de la date d’achèvement des travaux. Cette obligation constitue un élément central du dispositif que tout investisseur doit intégrer dans sa stratégie.
Le non-respect de cette durée entraîne une remise en cause de l’avantage fiscal obtenu, avec un risque de redressement fiscal et le paiement de pénalités. Il est donc primordial de comprendre les implications de cet engagement avant de se lancer dans un tel investissement.
- Durée locative minimale obligatoire : 9 ans
- Location en tant que résidence principale du locataire
- Début du délai : date d’achèvement des travaux
- Sanction en cas de non-respect : reprise de l’avantage fiscal
Cette contrainte temporelle doit être mise en perspective avec les autres caractéristiques du dispositif. La réduction d’impôt est répartie sur quatre années, avec un plafonnement des dépenses éligibles à 400 000 € sur une période de quatre années consécutives. Le montant maximum de la réduction peut donc atteindre 120 000 € pour un bien situé en zone à 30%, soit 30 000 € par an pendant quatre ans.
Face à ces exigences strictes mais avantageuses fiscalement, l’investisseur doit élaborer une stratégie locative solide pour tirer le meilleur parti du dispositif Malraux tout en respectant scrupuleusement la durée d’engagement. Cette planification constitue la clé d’un investissement réussi et sécurisé sur le plan fiscal.
Stratégies pour sécuriser la durée locative de votre investissement
Respecter l’engagement de location de 9 ans nécessite une approche stratégique bien définie. Pour sécuriser cette durée locative et éviter tout risque de remise en cause de l’avantage fiscal, plusieurs tactiques peuvent être mises en œuvre par les investisseurs avisés.
Sélection minutieuse de l’emplacement
Le choix de l’emplacement représente sans doute le facteur le plus déterminant pour garantir une location continue sur la période requise. Un bien situé dans un quartier dynamique avec une forte demande locative offre davantage de garanties qu’un secteur moins prisé, même si le bien présente un caractère patrimonial remarquable.
Privilégiez les centres-villes historiques des métropoles régionales qui combinent attrait patrimonial et vitalité économique. Des villes comme Lyon, Bordeaux, Strasbourg ou Nantes présentent généralement un marché locatif tendu, favorable aux propriétaires. Les quartiers proches des universités ou des grands pôles d’emploi assurent également un vivier constant de locataires potentiels.
Avant de vous engager, réalisez une étude de marché approfondie du secteur ciblé en analysant :
- Le taux de vacance locative du quartier
- L’évolution démographique de la zone
- Les projets d’aménagement urbain à venir
- La présence d’infrastructures de transport et de services
Calibrage optimal du bien et des loyers
La taille et la configuration du logement influencent directement sa capacité à trouver preneur sur le long terme. Les petites et moyennes surfaces (T2, T3) connaissent généralement une rotation plus faible que les grands logements et correspondent mieux aux besoins du marché locatif dans les centres historiques.
Concernant la fixation du loyer, un équilibre subtil doit être trouvé. Si le dispositif Malraux n’impose pas de plafond de loyer, contrairement à d’autres mécanismes de défiscalisation, un positionnement tarifaire compétitif reste recommandé pour minimiser les périodes de vacance. Un loyer légèrement inférieur au prix du marché (5 à 10%) peut constituer une stratégie efficace pour fidéliser les locataires et réduire le turnover.
L’aménagement du bien joue également un rôle prépondérant. Optez pour des finitions de qualité mais sobres, facilitant l’appropriation par différents profils de locataires. Les matériaux durables et faciles d’entretien limiteront par ailleurs les interventions pendant la période de location.
Anticipation et gestion proactive des risques locatifs
La sécurisation de votre investissement sur 9 ans passe par une anticipation des risques locatifs potentiels. Plusieurs mesures préventives peuvent être adoptées :
La souscription à une garantie loyers impayés (GLI) offre une protection contre les défauts de paiement et les dégradations. Bien que représentant un coût supplémentaire (environ 3% des loyers annuels), cette assurance peut s’avérer précieuse pour maintenir la rentabilité de l’opération sur la durée d’engagement.
Le recours à un gestionnaire professionnel constitue une option à considérer sérieusement, surtout pour les investisseurs éloignés géographiquement du bien ou disposant de peu de temps. Un administrateur de biens expérimenté pourra gérer efficacement les transitions entre locataires, limiter les périodes de vacance et veiller au respect des obligations légales, sécurisant ainsi votre investissement Malraux sur toute sa durée.
Enfin, la constitution d’une provision pour travaux vous permettra de faire face aux réparations imprévues sans déséquilibrer votre trésorerie. Prévoir environ 5% des loyers annuels pour ce poste représente une approche prudente qui contribuera à la pérennité de votre investissement.
Aspects juridiques et fiscaux à maîtriser pour la durée de détention
La réussite d’un investissement Malraux repose largement sur une compréhension approfondie des aspects juridiques et fiscaux qui encadrent la période de détention obligatoire. Ces éléments techniques constituent le socle sur lequel s’appuie la sécurisation de l’avantage fiscal.
Formalisation rigoureuse de l’engagement de location
L’engagement de location pour une durée minimale de 9 ans doit être formalisé avec précision dans votre déclaration fiscale. Cette formalisation s’effectue via le formulaire 2042 C accompagné de l’imprimé 2044 spécial lors de la première année de déclaration de l’avantage fiscal. Ce document matérialise votre engagement auprès de l’administration fiscale.
Pour renforcer la valeur juridique de cet engagement, il est recommandé de conserver précieusement plusieurs documents :
- L’attestation d’achèvement des travaux qui marque le début de la période d’engagement
- Les baux successifs couvrant l’intégralité de la période de 9 ans
- Les quittances de loyer démontrant l’effectivité de la location
- Les déclarations fiscales annuelles mentionnant les revenus locatifs
En cas de contrôle fiscal, ces documents constitueront des preuves tangibles du respect de vos obligations. La jurisprudence en matière de défiscalisation immobilière montre que l’administration se montre particulièrement attentive à la continuité effective de la location.
Gestion des événements exceptionnels durant la période d’engagement
Durant les 9 années d’engagement, divers événements peuvent survenir et potentiellement remettre en question le respect de l’obligation locative. La législation prévoit certains aménagements qu’il convient de connaître.
En cas de vacance locative, l’administration fiscale tolère une période maximale de 12 mois entre deux locataires, à condition de pouvoir justifier d’efforts actifs pour relouer le bien (annonces, mandat à une agence immobilière, etc.). Au-delà de cette période, l’avantage fiscal risque d’être remis en cause proportionnellement à la durée de vacance excessive.
Si vous envisagez de vendre le bien avant l’expiration de la période de 9 ans, sachez que l’acquéreur peut reprendre à son compte l’engagement de location pour la durée restante, évitant ainsi la reprise de l’avantage fiscal. Cette possibilité doit être explicitement mentionnée dans l’acte de vente, avec un engagement formel du nouveau propriétaire.
Les situations de force majeure (destruction du bien suite à une catastrophe naturelle, expropriation, etc.) sont généralement reconnues par l’administration comme des causes d’exonération de l’engagement. Toutefois, les difficultés personnelles (divorce, mutation professionnelle, difficultés financières) ne constituent pas systématiquement des motifs valables d’exonération.
Compatibilité avec d’autres dispositifs fiscaux
La question de la compatibilité du dispositif Malraux avec d’autres mécanismes fiscaux mérite une attention particulière pour optimiser votre stratégie sur la durée de détention.
Le dispositif Malraux est compatible avec le régime du déficit foncier, ce qui peut s’avérer intéressant pour les travaux non éligibles à la réduction d’impôt Malraux. Cette complémentarité permet d’optimiser la fiscalité globale de l’opération.
En revanche, le cumul avec d’autres réductions d’impôt pour investissement immobilier (Pinel, Denormandie, etc.) sur le même bien n’est pas autorisé. Cette restriction s’applique également au dispositif Monuments Historiques.
Il convient de noter que le dispositif Malraux s’inscrit dans le cadre du plafonnement global des niches fiscales, actuellement fixé à 10 000 € par an. Toutefois, une spécificité avantageuse du Malraux est que la fraction de la réduction d’impôt qui excède ce plafond peut être reportée sur les trois années suivantes, ce qui constitue un avantage notable pour les investisseurs fortement imposés.
Optimisation financière et rentabilité sur la durée d’engagement
La rentabilité d’un investissement Malraux se construit sur le long terme, particulièrement pendant les 9 années d’engagement locatif obligatoire. Une approche stratégique de la dimension financière permet de maximiser les bénéfices tout en sécurisant l’opération.
Construction d’un plan de financement adapté à la durée d’engagement
Le montage financier représente un élément déterminant pour la réussite d’une opération Malraux. La durée du prêt immobilier mérite une attention particulière : idéalement, elle devrait être alignée ou légèrement supérieure à la période d’engagement locatif de 9 ans.
Cette synchronisation présente plusieurs avantages :
- Couverture des mensualités par les loyers perçus pendant toute la période d’engagement
- Possibilité de réévaluer votre stratégie (vente, occupation personnelle) une fois les contraintes fiscales levées
- Optimisation du ratio endettement/revenus sur la période d’investissement
Pour un investissement Malraux typique de 300 000 € (dont 200 000 € de travaux éligibles), un financement sur 15 ans avec un taux de 2,5% génère une mensualité d’environ 2 000 €. Si les loyers couvrent 40 à 60% de cette charge, l’effort d’épargne mensuel reste significatif mais se trouve largement compensé par l’économie d’impôt réalisée, particulièrement durant les quatre premières années.
L’utilisation d’un crédit in fine peut constituer une alternative intéressante pour les investisseurs disposant d’une capacité d’épargne importante. Ce type de prêt, où seuls les intérêts sont remboursés pendant la durée du crédit, permet de minimiser les mensualités et d’améliorer la trésorerie pendant la période d’engagement.
Projection financière et suivi de performance
Une projection financière détaillée sur les 9 années d’engagement permet d’anticiper les flux de trésorerie et d’identifier les périodes potentiellement tendues. Cette modélisation doit intégrer :
Les revenus locatifs prévisionnels, avec une hypothèse prudente d’indexation annuelle (1 à 1,5%) et un taux de vacance réaliste (5 à 10% selon la dynamique du marché local).
Les charges courantes comprenant la taxe foncière, les charges de copropriété non récupérables, l’assurance propriétaire non-occupant, et éventuellement les frais de gestion locative (environ 7 à 10% des loyers).
Les provisions pour travaux d’entretien et de rénovation, particulièrement importantes pour un bien ancien, même après restauration complète. Une provision annuelle de 5 à 10% des loyers constitue une approche prudente.
Le bénéfice fiscal concentré sur les quatre premières années, qui améliore significativement la rentabilité globale de l’opération. Pour un investissement incluant 200 000 € de travaux éligibles dans une zone à 30%, l’économie d’impôt atteindra 60 000 € répartis sur quatre ans.
Un tableau de bord de suivi annuel permet d’ajuster votre stratégie en fonction des performances réelles de l’investissement. Des écarts significatifs entre les projections et la réalité peuvent nécessiter des actions correctives pour préserver la rentabilité et sécuriser la période d’engagement.
Valorisation patrimoniale et stratégies de sortie
Bien que l’horizon d’investissement minimal soit de 9 ans, la réflexion sur la valorisation patrimoniale et les options de sortie doit s’amorcer dès le début de l’opération.
Les biens Malraux, situés dans des secteurs patrimoniaux protégés, bénéficient généralement d’une appréciation supérieure à la moyenne du marché immobilier. Cette plus-value potentielle constitue un élément substantiel de la rentabilité globale, s’ajoutant à l’avantage fiscal et aux revenus locatifs.
Plusieurs stratégies peuvent être envisagées à l’issue des 9 années d’engagement :
La revente du bien, qui permet de capitaliser sur la plus-value potentielle. Les biens Malraux, généralement situés dans des emplacements privilégiés et bénéficiant d’une restauration de qualité, attirent une clientèle d’acheteurs aisés, souvent à la recherche d’une résidence principale de caractère.
La conservation en location traditionnelle, qui prolonge les revenus locatifs et l’appréciation du capital. Cette option convient particulièrement aux investisseurs en phase de constitution d’un patrimoine pour la retraite.
La transformation en résidence secondaire ou principale, permettant de profiter personnellement d’un bien d’exception. Cette option présente l’avantage de répondre à un projet de vie tout en capitalisant sur un investissement initialement fiscal.
Quelle que soit l’option retenue, la qualité intrinsèque des biens Malraux et leur localisation dans des secteurs patrimoniaux valorisés constituent des atouts majeurs pour la pérennité de l’investissement au-delà de la période d’engagement fiscal.
Témoignages et études de cas : réussir son investissement sur la durée
L’expérience concrète des investisseurs ayant mené à bien des opérations Malraux offre des enseignements précieux pour quiconque souhaite s’engager dans cette voie. Ces retours d’expérience permettent d’identifier les bonnes pratiques et les écueils à éviter pour respecter sereinement la durée locative minimale de 9 ans.
Parcours réussis d’investisseurs Malraux
Le cas de Pierre et Marie D., médecins à Paris, illustre parfaitement une stratégie d’investissement Malraux réussie. En 2015, ce couple a acquis un appartement de 85 m² dans un hôtel particulier du XVIIIe siècle à Bordeaux, dans le secteur sauvegardé. Montant total de l’opération : 450 000 € dont 280 000 € de travaux éligibles.
« Nous recherchions une solution pour réduire notre imposition tout en constituant un patrimoine de qualité », explique Pierre. « Le dispositif Malraux nous a permis d’économiser 84 000 € d’impôts sur quatre ans, soit 30% des travaux réalisés. »
Pour sécuriser leur investissement sur la durée, le couple a mis en place plusieurs stratégies :
- Sélection d’un quartier en pleine renaissance urbaine (proximité des quais rénovés)
- Choix d’un T3 facilement louable auprès de cadres en mobilité professionnelle
- Recours à une agence spécialisée dans la location haut de gamme
- Constitution d’un dossier photographique détaillé avant/après travaux
Résultat : en sept ans, le couple n’a connu que deux locataires différents et seulement trois semaines de vacance locative. « La qualité de la restauration et l’emplacement premium nous ont permis d’attirer des locataires stables et soigneux », souligne Marie.
L’expérience de Jean-Philippe M., entrepreneur à Lyon, apporte un éclairage complémentaire. Son investissement dans un immeuble Malraux à Strasbourg a rencontré quelques difficultés initiales : « Après la livraison en 2018, j’ai connu six mois de vacance locative. L’erreur a été de fixer un loyer trop ambitieux et de négliger certains aspects pratiques comme l’absence de stationnement. »
Après ajustement du loyer (-15%) et aménagement d’un local à vélos sécurisé, la situation s’est stabilisée. « Cette expérience m’a appris l’importance d’une analyse approfondie des attentes locales et d’une certaine flexibilité dans la gestion locative pour tenir l’engagement de 9 ans. »
Analyse comparative des performances selon les localisations
Une étude réalisée auprès de 150 investisseurs Malraux sur la période 2010-2020 révèle des disparités significatives de performance selon les localisations choisies.
Les investissements réalisés dans les métropoles régionales (Lyon, Bordeaux, Lille, Nantes) présentent les meilleurs résultats en termes de stabilité locative. Le taux de vacance moyen s’y établit à seulement 4,2% sur la période d’engagement, contre 7,8% pour les villes moyennes et 12,3% pour les petites communes, même lorsque ces dernières possèdent un patrimoine remarquable.
La valorisation patrimoniale suit une tendance similaire : +35% en moyenne sur 9 ans pour les métropoles, contre +18% pour les villes moyennes et +11% pour les petites communes. Cette différence s’explique principalement par le dynamisme économique et démographique des grandes agglomérations.
Toutefois, en matière de rendement locatif brut, l’ordre s’inverse : 3,2% pour les métropoles, 4,5% pour les villes moyennes et jusqu’à 5,8% pour certaines petites communes. Ce paradoxe apparent s’explique par le différentiel de prix d’acquisition, nettement plus élevé dans les grandes villes.
Un élément déterminant pour la réussite sur la durée concerne la proximité des services et transports. Les biens situés à moins de 500 mètres d’une station de transport en commun et disposant de commerces de proximité connaissent un taux de rotation locative inférieur de 40% à la moyenne, facilitant grandement le respect de l’engagement de 9 ans.
Leçons pratiques et recommandations concrètes
L’analyse des parcours d’investisseurs et des performances comparatives permet de dégager plusieurs recommandations pragmatiques pour respecter sereinement la durée locative minimale :
1. Anticipez les travaux complémentaires : Au-delà des travaux éligibles au dispositif Malraux, prévoyez un budget pour des aménagements améliorant l’attractivité locative (rangements optimisés, isolation phonique renforcée, équipements de qualité dans les pièces d’eau). Ces investissements complémentaires, bien que non défiscalisables, contribuent significativement à la stabilité locative.
2. Constituez un dossier technique exhaustif : La documentation complète des travaux réalisés (plans, photographies, factures détaillées, certificats de conformité) facilite la gestion future du bien et sa valorisation. Ce dossier rassurera également les locataires potentiels sur la qualité de la restauration.
3. Établissez une relation de confiance avec la copropriété : Dans les immeubles Malraux, souvent de petite taille et à forte valeur patrimoniale, une bonne entente avec les autres copropriétaires favorise une gestion harmonieuse des parties communes et prévient d’éventuels conflits préjudiciables à l’attractivité locative.
4. Adaptez-vous aux évolutions du marché : La période d’engagement de 9 ans couvre généralement plusieurs cycles immobiliers. Une veille régulière du marché locatif local permet d’ajuster votre offre (niveau de loyer, services inclus, aménagements) pour maintenir l’attractivité du bien.
5. Planifiez les rénovations intermédiaires : Programmez des rafraîchissements réguliers (peintures, revêtements de sol) tous les 3 à 4 ans, idéalement entre deux locataires. Ces interventions préventives préservent la valeur du bien et son attractivité, tout en évitant des travaux plus lourds et coûteux à terme.
Ces recommandations, issues de l’expérience concrète d’investisseurs, constituent un guide pratique pour transformer la contrainte de la durée locative minimale en une opportunité de valorisation patrimoniale sur le long terme.
Vers une stratégie patrimoniale durable au-delà de l’avantage fiscal
L’investissement Malraux ne se résume pas à un simple mécanisme de défiscalisation temporaire. Sa véritable force réside dans sa capacité à s’intégrer dans une stratégie patrimoniale globale qui dépasse largement le cadre des 9 années d’engagement locatif obligatoire. Cette vision à long terme transforme une contrainte fiscale en opportunité patrimoniale durable.
Intégration dans une stratégie de diversification patrimoniale
Le dispositif Malraux présente des caractéristiques spécifiques qui en font un élément distinctif dans une allocation d’actifs diversifiée. Son positionnement sur le segment du patrimoine historique de qualité lui confère une relative résilience face aux fluctuations du marché immobilier standard.
Cette classe d’actifs particulière peut être judicieusement combinée avec d’autres investissements immobiliers aux profils de risque et de rendement différents :
- Immobilier locatif classique en métropole pour la régularité des revenus
- Résidences gérées (étudiantes, seniors) pour la délégation de gestion
- SCPI pour la mutualisation des risques et la liquidité relative
- Immobilier d’entreprise pour la diversification des sources de revenus
Dans cette perspective, l’investissement Malraux joue un rôle spécifique : celui d’un actif de qualité, à forte composante patrimoniale, offrant une protection fiscale significative en phase d’acquisition et un potentiel de valorisation supérieur à la moyenne sur le long terme.
Pour Sophie R., gestionnaire de patrimoine à Nantes : « Je recommande souvent à mes clients fortement imposés de consacrer 15 à 20% de leur allocation immobilière à un bien Malraux. Cette proportion permet d’optimiser l’impact fiscal sans surpondérer un actif qui reste relativement peu liquide. »
Transmission et optimisation successorale
La dimension patrimoniale des biens Malraux prend tout son sens dans une perspective de transmission familiale. Ces biens d’exception, souvent chargés d’histoire et situés dans des quartiers emblématiques, se prêtent particulièrement bien à une stratégie successorale réfléchie.
Plusieurs mécanismes peuvent être envisagés pour optimiser la transmission :
Le démembrement de propriété constitue une option intéressante, particulièrement en fin de période d’engagement locatif. La donation de la nue-propriété aux enfants, avec réserve d’usufruit, permet de transmettre progressivement le patrimoine tout en conservant les revenus locatifs ou la jouissance du bien.
La structuration via une Société Civile Immobilière (SCI) familiale facilite la transmission progressive par donation de parts sociales, potentiellement en bénéficiant des abattements fiscaux renouvelables tous les 15 ans. Cette approche permet également de prévenir les difficultés liées à l’indivision en cas de pluralité d’héritiers.
L’assurance-vie peut compléter ce dispositif en permettant la constitution d’une provision dédiée aux droits de succession. Cette approche globale sécurise la transmission du bien Malraux sans contraindre les héritiers à une vente précipitée pour faire face aux obligations fiscales.
Le Pacte Dutreil peut également s’appliquer sous certaines conditions si le bien Malraux s’inscrit dans une stratégie entrepreneuriale familiale plus large (activité de location meublée professionnelle par exemple).
Adaptation aux évolutions du marché immobilier et des dispositifs fiscaux
La pérennité d’une stratégie patrimoniale repose sur sa capacité d’adaptation aux évolutions économiques, urbaines et réglementaires. L’investissement Malraux, par sa nature même, s’inscrit dans cette logique d’adaptation.
Les secteurs patrimoniaux protégés font généralement l’objet d’une attention particulière des politiques publiques d’aménagement urbain. Cette dimension confère aux biens Malraux une forme de protection contre l’obsolescence urbaine qui peut affecter d’autres segments du marché immobilier.
La transition énergétique représente un défi particulier pour les bâtiments historiques. Anticipez les évolutions réglementaires en matière de performance énergétique en privilégiant, dès la phase de restauration initiale, les solutions techniques compatibles avec le caractère patrimonial du bien mais offrant néanmoins des performances satisfaisantes (isolation par l’intérieur adaptée, systèmes de chauffage performants, ventilation maîtrisée).
La veille fiscale constitue également un élément stratégique. Si le dispositif Malraux lui-même a démontré une remarquable stabilité dans le temps (créé en 1962 et régulièrement reconduit), d’autres mécanismes fiscaux peuvent venir compléter ou modifier votre stratégie initiale au fil des années.
À l’issue de la période d’engagement, plusieurs options fiscales s’offrent à vous selon l’évolution de votre situation personnelle et patrimoniale :
- Maintien en régime de revenus fonciers classique
- Passage en location meublée (régime LMNP) pour optimiser la fiscalité des revenus
- Transformation en résidence secondaire avec possibilité de location saisonnière partielle
Cette flexibilité post-engagement constitue l’un des atouts majeurs du dispositif Malraux par rapport à d’autres mécanismes de défiscalisation plus contraignants dans leurs conditions de sortie.
En définitive, l’investissement Malraux réussi s’apparente moins à une opération fiscale ponctuelle qu’à l’acquisition réfléchie d’un actif patrimonial de qualité, bénéficiant d’un coup de pouce fiscal significatif à l’entrée, mais dont la véritable valeur se révèle pleinement dans une détention à long terme, bien au-delà des 9 années d’engagement initial.